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CP 05412 Marcel Proust à Samuel Pozzi [peu après le 6 novembre 1914]

Surlignage

Cher Monsieur

Je reçois votre lettre pour le médecin major Vigne et l’envoie par le même courrier à Reynaldo . Il vous sera certainement bien reconnaissant de la peine que vous avez eu la bonté de prendre et en attendant qu’il vous écrive, je vous remercie bien vivement pour lui. Mon appréciation esthétique était tout à fait sincère et, comme diraient nos ennemis, « objective ». « L’instantané » que je garde de cette dernière visite me semble empreint d’une séduction plus grande encore que ceux plus anciens conservés très intacts dans ma mémoire. Ce n’est que l’impression d’un artiste, les femmes seules peuvent dire si elle est juste.

Comme vous avez préféré ne pas me donner de certificat, j’en ai demandé un au docteur Faisans ainsi qu’à mon médecin habituel actuellement mobilisé. Leurs deux certificats sont parfaits. Je ne sais encore quand j’aurai à en faire usage.

Veuillez agréer cher Monsieur l’hommage de mon bien respectueux attachement.

Marcel Proust

Surlignage
 

Cher Monsieur

Je reçois votre lettre pour le médecin-major Vigne et l’envoie par le même courrier à Reynaldo . Il vous sera certainement bien reconnaissant de la peine que vous avez eu la bonté de prendre et en attendant qu’il vous écrive, je vous remercie bien vivement pour lui. Mon appréciation esthétique était tout à fait sincère et, comme diraient nos ennemis, « objective ». « L’instantané » que je garde de cette dernière visite me semble empreint d’une séduction plus grande encore que ceux plus anciens conservés très intacts dans ma mémoire. Ce n’est que l’impression d’un artiste, les femmes seules peuvent dire si elle est juste.

Comme vous avez préféré ne pas me donner de certificat, j’en ai demandé un au docteur Faisans ainsi qu’à mon médecin habituel actuellement mobilisé. Leurs deux certificats sont parfaits. Je ne sais encore quand j’aurai à en faire usage.

Veuillez agréer cher Monsieur l’hommage de mon bien respectueux attachement.

Marcel Proust

Note n°1
Cette lettre, où Proust remercie le docteur Pozzi pour lʼenvoi dʼune lettre de recommandation destinée à Reynaldo Hahn, suit de peu celle du [5 ou 6 novembre 1914] dans laquelle il sollicitait ce service (CP 05411 ; BMP, n° 51, p. 28-29). Voir aussi la mention du certificat « parfait » du Dr Bize (note 8 ci-dessous). [FL]
Note n°2
Il sʼagit probablement du médecin-major Vigné (voir CP 05411, note 4). La lettre du Dr Pozzi ne nous est pas parvenue. [FL, FP]
Note n°3
Nous ignorons si cet envoi à Reynaldo Hahn était accompagné d’une lettre, aucune n’ayant été retrouvée. [FP]
Note n°4
Dans sa lettre du [5 ou 6 novembre 1914] où il sollicitait une recommandation pour Reynaldo Hahn, Proust affirmait au Dr Pozzi quʼil lʼavait trouvé, tel quʼil venait de le revoir, supérieur à son portrait peint par Sargent en 1881 (voir CP 05411). La protestation de Proust donne à penser que le docteur avait interprété ce compliment comme une flatterie intéressée. [FL]
Note n°5
Dans les premiers mois de la guerre, de nombreux articles de presse véhiculent lʼidée que la philosophie allemande serait à lʼorigine du militarisme impérialiste de lʼennemi (voir notamment Émile Boutroux, « LʼAllemagne et la guerre », Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1914, p. 385-401). Proust fait peut-être ici référence, par le biais de ces lectures quʼil estime que Pozzi doit avoir faites également, aux concepts hégéliens dʼ« esprit objectif » ou de « volonté objective » (Principes de la philosophie du droit, 1820). [FP]
Note n°6
La visite effectuée peu avant le 24 octobre 1914 (voir CP 05411 et CP 02830 ; Kolb, XIV, n° 176). [FL]
Note n°7
Auteur dʼun ouvrage clinique sur les Maladies des organes respiratoires (Paris, Gauthier-Villard, 1892), le docteur Léon Faisans était bien placé pour faire ce certificat en faveur de lʼasthmatique Proust. Il ne reste plus du document original quʼune copie de la main de Céleste Albaret (voir CP 05641, ainsi que ses notes 1 et 4). [LJ, FL]
Note n°8
Le « médecin habituel » de Proust était le docteur Maurice Bize. Médecin auxiliaire dans la réserve de lʼarmée territoriale, il était affecté à la portion mobile du 35e régiment territorial dʼinfanterie, et cantonné à Albi. Il aurait dû être libéré de ses obligations militaires le 24 octobre 1914, mais il fut nommé « médecin aide-major de 2e classe pour la durée de la guerre » par décret en novembre 1914. Le certificat que Proust juge « parfait » est sans doute celui que le Dr Bize a refait sur papier timbré, en date du 4 novembre 1914, attestant son incapacité à quitter son lit (CP 05639), après lʼenvoi dʼun premier certificat sur papier ordinaire et moins explicite, le 23 octobre 1914 (CP 05638). Proust a dû recevoir ce deuxième certificat quelques jours après le 4 novembre. [LJ, FL]


Mots-clefs :guerre
Date de mise en ligne : October 4, 2022 15:07
Date de la dernière mise à jour : November 21, 2022 10:08
Surlignage

Cher Monsieur

Je reçois votre lettre pour le médecin major Vigne et l’envoie par le même courrier à Reynaldo . Il vous sera certainement bien reconnaissant de la peine que vous avez eu la bonté de prendre et en attendant qu’il vous écrive, je vous remercie bien vivement pour lui. Mon appréciation esthétique était tout à fait sincère et, comme diraient nos ennemis, « objective ». « L’instantané » que je garde de cette dernière visite me semble empreint d’une séduction plus grande encore que ceux plus anciens conservés très intacts dans ma mémoire. Ce n’est que l’impression d’un artiste, les femmes seules peuvent dire si elle est juste.

Comme vous avez préféré ne pas me donner de certificat, j’en ai demandé un au docteur Faisans ainsi qu’à mon médecin habituel actuellement mobilisé. Leurs deux certificats sont parfaits. Je ne sais encore quand j’aurai à en faire usage.

Veuillez agréer cher Monsieur l’hommage de mon bien respectueux attachement.

Marcel Proust

Surlignage
 

Cher Monsieur

Je reçois votre lettre pour le médecin-major Vigne et l’envoie par le même courrier à Reynaldo . Il vous sera certainement bien reconnaissant de la peine que vous avez eu la bonté de prendre et en attendant qu’il vous écrive, je vous remercie bien vivement pour lui. Mon appréciation esthétique était tout à fait sincère et, comme diraient nos ennemis, « objective ». « L’instantané » que je garde de cette dernière visite me semble empreint d’une séduction plus grande encore que ceux plus anciens conservés très intacts dans ma mémoire. Ce n’est que l’impression d’un artiste, les femmes seules peuvent dire si elle est juste.

Comme vous avez préféré ne pas me donner de certificat, j’en ai demandé un au docteur Faisans ainsi qu’à mon médecin habituel actuellement mobilisé. Leurs deux certificats sont parfaits. Je ne sais encore quand j’aurai à en faire usage.

Veuillez agréer cher Monsieur l’hommage de mon bien respectueux attachement.

Marcel Proust

Note n°1
Cette lettre, où Proust remercie le docteur Pozzi pour lʼenvoi dʼune lettre de recommandation destinée à Reynaldo Hahn, suit de peu celle du [5 ou 6 novembre 1914] dans laquelle il sollicitait ce service (CP 05411 ; BMP, n° 51, p. 28-29). Voir aussi la mention du certificat « parfait » du Dr Bize (note 8 ci-dessous). [FL]
Note n°2
Il sʼagit probablement du médecin-major Vigné (voir CP 05411, note 4). La lettre du Dr Pozzi ne nous est pas parvenue. [FL, FP]
Note n°3
Nous ignorons si cet envoi à Reynaldo Hahn était accompagné d’une lettre, aucune n’ayant été retrouvée. [FP]
Note n°4
Dans sa lettre du [5 ou 6 novembre 1914] où il sollicitait une recommandation pour Reynaldo Hahn, Proust affirmait au Dr Pozzi quʼil lʼavait trouvé, tel quʼil venait de le revoir, supérieur à son portrait peint par Sargent en 1881 (voir CP 05411). La protestation de Proust donne à penser que le docteur avait interprété ce compliment comme une flatterie intéressée. [FL]
Note n°5
Dans les premiers mois de la guerre, de nombreux articles de presse véhiculent lʼidée que la philosophie allemande serait à lʼorigine du militarisme impérialiste de lʼennemi (voir notamment Émile Boutroux, « LʼAllemagne et la guerre », Revue des Deux Mondes, 15 octobre 1914, p. 385-401). Proust fait peut-être ici référence, par le biais de ces lectures quʼil estime que Pozzi doit avoir faites également, aux concepts hégéliens dʼ« esprit objectif » ou de « volonté objective » (Principes de la philosophie du droit, 1820). [FP]
Note n°6
La visite effectuée peu avant le 24 octobre 1914 (voir CP 05411 et CP 02830 ; Kolb, XIV, n° 176). [FL]
Note n°7
Auteur dʼun ouvrage clinique sur les Maladies des organes respiratoires (Paris, Gauthier-Villard, 1892), le docteur Léon Faisans était bien placé pour faire ce certificat en faveur de lʼasthmatique Proust. Il ne reste plus du document original quʼune copie de la main de Céleste Albaret (voir CP 05641, ainsi que ses notes 1 et 4). [LJ, FL]
Note n°8
Le « médecin habituel » de Proust était le docteur Maurice Bize. Médecin auxiliaire dans la réserve de lʼarmée territoriale, il était affecté à la portion mobile du 35e régiment territorial dʼinfanterie, et cantonné à Albi. Il aurait dû être libéré de ses obligations militaires le 24 octobre 1914, mais il fut nommé « médecin aide-major de 2e classe pour la durée de la guerre » par décret en novembre 1914. Le certificat que Proust juge « parfait » est sans doute celui que le Dr Bize a refait sur papier timbré, en date du 4 novembre 1914, attestant son incapacité à quitter son lit (CP 05639), après lʼenvoi dʼun premier certificat sur papier ordinaire et moins explicite, le 23 octobre 1914 (CP 05638). Proust a dû recevoir ce deuxième certificat quelques jours après le 4 novembre. [LJ, FL]


Mots-clefs :guerre
Date de mise en ligne : October 4, 2022 15:07
Date de la dernière mise à jour : November 21, 2022 10:08
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