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CP 03100 Marcel Proust à Lionel Hauser le mercredi 17 mai 1916

Surlignage

Ci inclus le recepissé dument
acquitté des Suez .


Mercredi 27 17 Mai
1916


Mon cher Lionel

Tu peux imaginer à quel point
je suis touché que tu te sois occu-
pé de faire réduire mes intérêts à
payer, et tout aussi émerveillé
de ta puissance que de ta bonté. Jʼ-
ignore quel est ton banquier miracu-
leux et si désintéressé, mais que tu
lʼaies déniché ainsi avec cette
promptitude et ce flair excite chez


2

moi une admiration sans égale.
Aussi je regrette dʼapprendre que
tu nʼes pas portugais, non seulement
parce que « Les Portugais
Sont toujours gais
 »
mais parce que jʼaurais tâché que mon
épître fut aussi brûlante que les
fameuses « Lettres Portugaises  ». Quoique
il en soit je nʼai pas attendu de savoir
que tu étais anglais pour marquer
dans mes études sur Ruskin mes prédi-
lections pour le Royaume-Uni .

Ceci dit je réponds avec autant de


3

précision quʼune terrible crise et 70 heures dʼ-
insomnie me permettent de le faire.
Je nʼai plus aucun compte chez les
coulissiers. Jʼai réglé Léon, Weilhof
etc. Mon seul coulissier est le Crédit
Industriel
(Carpet et Mexico ). Pour les titres que je possède
tu en as la liste chez toi (seules sont postérieu-
res les ventes dʼInterborough, Hollandais, Sara-
gosse
, Maïkop et Nord Espagne). Je possède par
exemple 57 actions de la Cie des Eaux et des


4

obligations russes. Tu nʼas quʼà te reporter aux tableaux
que tu as fait établir. Le Crédit Industriel nʼenvoie
pas ces relevés de valeurs, sauf les fois où je les lui ai
demandés. Leur compte arrêté au 31 Mars est dans
les papiers ci inclus mais ne peut te servir beau-
coup, voici pourquoi. Non seulement jʼai chez
eux mon compte 2080, que complique le cte Ouver-
ture de Crédit et le cte de liquidation, mais
dʼautre part ayant déposé chez eux certaines
valeurs Rothschild dont la vente devait
éteindre ma dette et dont aucune sauf celles
citées plus haut nʼont pu être vendues, je me
suis fait ouvrir un 2e compte distinct de façon


5

que les revenus de ces valeurs ne soient
point absorbés par lʼOuverture de
Crédit. Ce 2e compte ne peut être
que créditeur. Mais sans doute parcequʼ -
il est récent, il ne mʼont envoyé le
cte trimestriel que de lʼautre
compte (2080) et aucun pour
celui-ci.

A mon avis le mieux serait dʼaccep-
ter (avec joie) lʼoffre de ton banquier
en tâchant quʼil ait à payer au
Crédit Industriel la somme la plus
faible possible (par ex. en bazardant
immédiatement les Carpet et les


6

Mexico non vendus, le Rio Banco
Espanol de Rio de la Plata
). – (Pour
la Doubowaïa on me dit quʼelle
marche très bien en ce moment.
Cʼest comme tu penseras). Une fois
arrêtée la somme qui restera à payer
au Crédit Industriel, sans sʼoccuper
si ce sont des valeurs en garantie
de gage, ou des valeurs Rothschild,
ou des valeurs Hauser, on donnerait
à ton banquier mes valeurs les
plus solides jusquʼà concurrence
du prix quʼil demanderait. Par


7

exemple si les titres Rothschild et Industriel
de 1re qualité ne suffisaient pas, on pourrait
faire un appoint avec un peu du 5 %
que tu mʼas acheté, quitte à le remplacer
chez toi par une somme équivalente de
valeurs du Crédit Industriel moins solides
(prises de préférence dans le cte 2080
car il y a si peu de temps que jʼai
ouvert lʼautre).

En un mot gratitude,joie, adhésion pleine et entière, ainsi peuvent


8

se résumer les sentiments de ton bien reconnais-
sant

Marcel Proust


 
 
 
Surlignage
 

Mercredi 17 mai 1916

Mon cher Lionel

Tu peux imaginer à quel point je suis touché que tu te sois occupé de faire réduire mes intérêts à payer, et tout aussi émerveillé de ta puissance que de ta bonté. Jʼignore quel est ton banquier miraculeux et si désintéressé, mais que tu lʼaies déniché ainsi avec cette promptitude et ce flair excite chez


 

moi une admiration sans égale. Aussi je regrette dʼapprendre que tu nʼes pas portugais, non seulement parce que « Les Portugais / Sont toujours gais  » mais parce que jʼaurais tâché que mon épître fût aussi brûlante que les fameuses « Lettres portugaises  ». Quoi quʼ il en soit je nʼai pas attendu de savoir que tu étais anglais pour marquer dans mes études sur Ruskin mes prédilections pour le Royaume-Uni .

Ceci dit je réponds avec autant de


 

précision quʼune terrible crise et soixante-dix heures dʼinsomnie me permettent de le faire. Je nʼai plus aucun compte chez les coulissiers. Jʼai réglé Léon, Wellhoff etc. Mon seul coulissier est le Crédit Industriel (Carpet et Mexico ). Pour les titres que je possède tu en as la liste chez toi (seules sont postérieures les ventes dʼInterborough, Hollandais, Saragosse, Maïkop et Nord Espagne). Je possède par exemple 57 actions de la Compagnie des Eaux et des


 

obligations russes. Tu nʼas quʼà te reporter aux tableaux que tu as fait établir. Le Crédit Industriel nʼenvoie pas ces relevés de valeurs, sauf les fois où je les lui ai demandés. Leur compte arrêté au 31 mars est dans les papiers ci-inclus mais ne peut te servir beaucoup, voici pourquoi. Non seulement jʼai chez eux mon compte 2080, que compliquent le compte Ouverture de Crédit et le compte de liquidation, mais dʼautre part ayant déposé chez eux certaines valeurs Rothschild dont la vente devait éteindre ma dette et dont aucune sauf celles citées plus haut nʼa pu être vendue, je me suis fait ouvrir un deuxième compte distinct de façon


 

que les revenus de ces valeurs ne soient point absorbés par lʼouverture de crédit. Ce deuxième compte ne peut être que créditeur. Mais sans doute parce quʼ il est récent, ils ne mʼont envoyé le compte trimestriel que de lʼautre compte (2080) et aucun pour celui-ci.

À mon avis le mieux serait dʼaccepter (avec joie) lʼoffre de ton banquier en tâchant quʼil ait à payer au Crédit Industriel la somme la plus faible possible (par exemple en bazardant immédiatement les Carpet et les


 

Mexico non vendus, le Banco Espanol du Rio de la Plata). – (Pour la Doubowaïa on me dit quʼelle marche très bien en ce moment. Cʼest comme tu penseras.) Une fois arrêtée la somme qui restera à payer au Crédit Industriel, sans sʼoccuper si ce sont des valeurs en garantie de gage, ou des valeurs Rothschild, ou des valeurs Hauser, on donnerait à ton banquier mes valeurs les plus solides jusquʼà concurrence du prix quʼil demanderait. Par


 

exemple si les titres Rothschild et Industriel de première qualité ne suffisaient pas, on pourrait faire un appoint avec un peu du 5 % que tu mʼas acheté, quitte à le remplacer chez toi par une somme équivalente de valeurs du Crédit Industriel moins solides (prises de préférence dans le compte 2080 car il y a si peu de temps que jʼai ouvert lʼautre).

En un mot gratitude,joie, adhésion pleine et entière, ainsi peuvent


 

se résumer les sentiments de ton bien reconnais- sant

Marcel Proust

Ci-inclus le récépissé dûment acquitté des Suez .


  
  
  
 
Note n°1
Cette lettre date du même jour que celle à laquelle Proust répond (CP 03099 ; Kolb, XV, n° 35). [PK]
Note n°2
Hauser avait demandé le récépissé des 31 parts de la Société civile de Suez dans sa lettre du 17 mai 1916 (CP 03099 ; Kolb, XV, n° 35). [PK]
Note n°3
Proust avait obtenu en 1912 une avance de 218 000 francs du Crédit industriel et commercial, sur laquelle il payait 8 % dʼintérêts annuels (Gian Balsamo, Proust and his Banker: In Search of Time Squandered, Columbia, South Carolina, The University of South Carolina Press, 2017, p. 38). Dans sa lettre du 17 mai 1916, Hauser annonce quʼil a trouvé un autre établissement prêt à accepter un transfert de cette dette à un taux dʼintérêt plus avantageux, 5 ½ % (CP 03099 ; Kolb, XV, n° 35). Il tait pour lʼinstant le nom de cette banque, et ne le révélera quʼune fois la transaction conclue (CP 03123 ; Kolb, XV, nº 59). [FP]
Note n°4
Hauser avait écrit, dans sa lettre du 17 mai 1916 (CP 03099 ; Kolb, XV, n° 35) : « je nʼai jamais été de nationalité portugaise. » [PK]
Note n°5
Refrain dʼun air de lʼopéra bouffe Le Jour et la Nuit (1881), musique de Charles Lecocq, paroles dʼAlberto Van Loo et Eugène Leterrier : voir la transcription pour piano. [PK, FP]
Note n°6
Jusquʼau début du vingtième siècle, ces lettres étaient considérées comme authentiques, et attribuées à une religieuse portugaise, Marianne Alcaforada. Cʼest seulement en 1926 que fut avancée lʼhypothèse, ensuite confirmée, quʼil sʼagissait dʼune oeuvre fictive écrite par le comte de Guilleragues. [FL]
Note n°7
Allusion aux lectures de Ruskin entreprises par Proust à partir de 1899, qui ont abouti aux articles et études publiés de 1900 à 1903, et aux traductions copieusement annotées de La Bible dʼAmiens (1904) et Sésame et les Lys (1906). [PK, FL]
Note n°8
Il sʼagit de la maison Wellhoff, Neustadtl et Cie, banquiers. [PK]
Note n°9
Proust avait envoyé à Hauser la liste des valeurs quʼil possédait chez Rothschild frères et au Crédit industriel et commercial avec sa lettre du vendredi 22 octobre 1915 (CP 03006 ; Kolb, XIV, n° 118). La vente des valeurs destinées à rembourser sa dette sʼétait effectuée au mois de novembre 1915. [PK, CB]
Note n°10
Il sʼagit sans doute de la Compagnie générale des eaux. — Dans le roman, le père du protagononiste consulte M. de Norpois au sujet de placements quʼil a faits pour son fils, lui montrant quelques-uns des titres ; ainsi, est décrite « dans son encadrement rectangulaire et fleuri que supportaient des divinités fluviales, une action nominative de la Compagnie des Eaux. » (RTP, I, 446.) [PK, FP]
Note n°11
Allusion, semble-t-il, aux relevés des comptes de Proust et leur analyse, que Hauser lui avait envoyés avec sa lettre du 29 octobre 1915 (CP 03013 ; Kolb, XIV, n° 125). [PK]
Note n°12
Voir la note 3 ci-dessus. Cʼest cette ouverture de crédit au Crédit industriel et commercial qui avait permis à Proust dʼacheter un stock énorme de Doubowaïa Balka, quʼil avait ensuite donné lʼordre de vendre avant le déclenchement de la guerre. Voir les lettres écrites à Hauser le 26 juillet [1914] et [vers le 28 juillet 1914] (CP 02805 et CP 02807 ; Kolb, XIII, n° 154 et n° 156). [PK, FP]
Note
[Guilleragues] 1669 Lettres portugaises
Note
Tramway de Mexico


Mots-clefs :guerre
Date de mise en ligne : October 4, 2022 15:07
Date de la dernière mise à jour : November 22, 2022 15:10
Surlignage

Ci inclus le recepissé dument
acquitté des Suez .


Mercredi 27 17 Mai
1916


Mon cher Lionel

Tu peux imaginer à quel point
je suis touché que tu te sois occu-
pé de faire réduire mes intérêts à
payer, et tout aussi émerveillé
de ta puissance que de ta bonté. Jʼ-
ignore quel est ton banquier miracu-
leux et si désintéressé, mais que tu
lʼaies déniché ainsi avec cette
promptitude et ce flair excite chez


2

moi une admiration sans égale.
Aussi je regrette dʼapprendre que
tu nʼes pas portugais, non seulement
parce que « Les Portugais
Sont toujours gais
 »
mais parce que jʼaurais tâché que mon
épître fut aussi brûlante que les
fameuses « Lettres Portugaises  ». Quoique
il en soit je nʼai pas attendu de savoir
que tu étais anglais pour marquer
dans mes études sur Ruskin mes prédi-
lections pour le Royaume-Uni .

Ceci dit je réponds avec autant de


3

précision quʼune terrible crise et 70 heures dʼ-
insomnie me permettent de le faire.
Je nʼai plus aucun compte chez les
coulissiers. Jʼai réglé Léon, Weilhof
etc. Mon seul coulissier est le Crédit
Industriel
(Carpet et Mexico ). Pour les titres que je possède
tu en as la liste chez toi (seules sont postérieu-
res les ventes dʼInterborough, Hollandais, Sara-
gosse
, Maïkop et Nord Espagne). Je possède par
exemple 57 actions de la Cie des Eaux et des


4

obligations russes. Tu nʼas quʼà te reporter aux tableaux
que tu as fait établir. Le Crédit Industriel nʼenvoie
pas ces relevés de valeurs, sauf les fois où je les lui ai
demandés. Leur compte arrêté au 31 Mars est dans
les papiers ci inclus mais ne peut te servir beau-
coup, voici pourquoi. Non seulement jʼai chez
eux mon compte 2080, que complique le cte Ouver-
ture de Crédit et le cte de liquidation, mais
dʼautre part ayant déposé chez eux certaines
valeurs Rothschild dont la vente devait
éteindre ma dette et dont aucune sauf celles
citées plus haut nʼont pu être vendues, je me
suis fait ouvrir un 2e compte distinct de façon


5

que les revenus de ces valeurs ne soient
point absorbés par lʼOuverture de
Crédit. Ce 2e compte ne peut être
que créditeur. Mais sans doute parcequʼ -
il est récent, il ne mʼont envoyé le
cte trimestriel que de lʼautre
compte (2080) et aucun pour
celui-ci.

A mon avis le mieux serait dʼaccep-
ter (avec joie) lʼoffre de ton banquier
en tâchant quʼil ait à payer au
Crédit Industriel la somme la plus
faible possible (par ex. en bazardant
immédiatement les Carpet et les


6

Mexico non vendus, le Rio Banco
Espanol de Rio de la Plata
). – (Pour
la Doubowaïa on me dit quʼelle
marche très bien en ce moment.
Cʼest comme tu penseras). Une fois
arrêtée la somme qui restera à payer
au Crédit Industriel, sans sʼoccuper
si ce sont des valeurs en garantie
de gage, ou des valeurs Rothschild,
ou des valeurs Hauser, on donnerait
à ton banquier mes valeurs les
plus solides jusquʼà concurrence
du prix quʼil demanderait. Par


7

exemple si les titres Rothschild et Industriel
de 1re qualité ne suffisaient pas, on pourrait
faire un appoint avec un peu du 5 %
que tu mʼas acheté, quitte à le remplacer
chez toi par une somme équivalente de
valeurs du Crédit Industriel moins solides
(prises de préférence dans le cte 2080
car il y a si peu de temps que jʼai
ouvert lʼautre).

En un mot gratitude,joie, adhésion pleine et entière, ainsi peuvent


8

se résumer les sentiments de ton bien reconnais-
sant

Marcel Proust


 
 
 
Surlignage
 

Mercredi 17 mai 1916

Mon cher Lionel

Tu peux imaginer à quel point je suis touché que tu te sois occupé de faire réduire mes intérêts à payer, et tout aussi émerveillé de ta puissance que de ta bonté. Jʼignore quel est ton banquier miraculeux et si désintéressé, mais que tu lʼaies déniché ainsi avec cette promptitude et ce flair excite chez


 

moi une admiration sans égale. Aussi je regrette dʼapprendre que tu nʼes pas portugais, non seulement parce que « Les Portugais / Sont toujours gais  » mais parce que jʼaurais tâché que mon épître fût aussi brûlante que les fameuses « Lettres portugaises  ». Quoi quʼ il en soit je nʼai pas attendu de savoir que tu étais anglais pour marquer dans mes études sur Ruskin mes prédilections pour le Royaume-Uni .

Ceci dit je réponds avec autant de


 

précision quʼune terrible crise et soixante-dix heures dʼinsomnie me permettent de le faire. Je nʼai plus aucun compte chez les coulissiers. Jʼai réglé Léon, Wellhoff etc. Mon seul coulissier est le Crédit Industriel (Carpet et Mexico ). Pour les titres que je possède tu en as la liste chez toi (seules sont postérieures les ventes dʼInterborough, Hollandais, Saragosse, Maïkop et Nord Espagne). Je possède par exemple 57 actions de la Compagnie des Eaux et des


 

obligations russes. Tu nʼas quʼà te reporter aux tableaux que tu as fait établir. Le Crédit Industriel nʼenvoie pas ces relevés de valeurs, sauf les fois où je les lui ai demandés. Leur compte arrêté au 31 mars est dans les papiers ci-inclus mais ne peut te servir beaucoup, voici pourquoi. Non seulement jʼai chez eux mon compte 2080, que compliquent le compte Ouverture de Crédit et le compte de liquidation, mais dʼautre part ayant déposé chez eux certaines valeurs Rothschild dont la vente devait éteindre ma dette et dont aucune sauf celles citées plus haut nʼa pu être vendue, je me suis fait ouvrir un deuxième compte distinct de façon


 

que les revenus de ces valeurs ne soient point absorbés par lʼouverture de crédit. Ce deuxième compte ne peut être que créditeur. Mais sans doute parce quʼ il est récent, ils ne mʼont envoyé le compte trimestriel que de lʼautre compte (2080) et aucun pour celui-ci.

À mon avis le mieux serait dʼaccepter (avec joie) lʼoffre de ton banquier en tâchant quʼil ait à payer au Crédit Industriel la somme la plus faible possible (par exemple en bazardant immédiatement les Carpet et les


 

Mexico non vendus, le Banco Espanol du Rio de la Plata). – (Pour la Doubowaïa on me dit quʼelle marche très bien en ce moment. Cʼest comme tu penseras.) Une fois arrêtée la somme qui restera à payer au Crédit Industriel, sans sʼoccuper si ce sont des valeurs en garantie de gage, ou des valeurs Rothschild, ou des valeurs Hauser, on donnerait à ton banquier mes valeurs les plus solides jusquʼà concurrence du prix quʼil demanderait. Par


 

exemple si les titres Rothschild et Industriel de première qualité ne suffisaient pas, on pourrait faire un appoint avec un peu du 5 % que tu mʼas acheté, quitte à le remplacer chez toi par une somme équivalente de valeurs du Crédit Industriel moins solides (prises de préférence dans le compte 2080 car il y a si peu de temps que jʼai ouvert lʼautre).

En un mot gratitude,joie, adhésion pleine et entière, ainsi peuvent


 

se résumer les sentiments de ton bien reconnais- sant

Marcel Proust

Ci-inclus le récépissé dûment acquitté des Suez .


  
  
  
 
Note n°1
Cette lettre date du même jour que celle à laquelle Proust répond (CP 03099 ; Kolb, XV, n° 35). [PK]
Note n°2
Hauser avait demandé le récépissé des 31 parts de la Société civile de Suez dans sa lettre du 17 mai 1916 (CP 03099 ; Kolb, XV, n° 35). [PK]
Note n°3
Proust avait obtenu en 1912 une avance de 218 000 francs du Crédit industriel et commercial, sur laquelle il payait 8 % dʼintérêts annuels (Gian Balsamo, Proust and his Banker: In Search of Time Squandered, Columbia, South Carolina, The University of South Carolina Press, 2017, p. 38). Dans sa lettre du 17 mai 1916, Hauser annonce quʼil a trouvé un autre établissement prêt à accepter un transfert de cette dette à un taux dʼintérêt plus avantageux, 5 ½ % (CP 03099 ; Kolb, XV, n° 35). Il tait pour lʼinstant le nom de cette banque, et ne le révélera quʼune fois la transaction conclue (CP 03123 ; Kolb, XV, nº 59). [FP]
Note n°4
Hauser avait écrit, dans sa lettre du 17 mai 1916 (CP 03099 ; Kolb, XV, n° 35) : « je nʼai jamais été de nationalité portugaise. » [PK]
Note n°5
Refrain dʼun air de lʼopéra bouffe Le Jour et la Nuit (1881), musique de Charles Lecocq, paroles dʼAlberto Van Loo et Eugène Leterrier : voir la transcription pour piano. [PK, FP]
Note n°6
Jusquʼau début du vingtième siècle, ces lettres étaient considérées comme authentiques, et attribuées à une religieuse portugaise, Marianne Alcaforada. Cʼest seulement en 1926 que fut avancée lʼhypothèse, ensuite confirmée, quʼil sʼagissait dʼune oeuvre fictive écrite par le comte de Guilleragues. [FL]
Note n°7
Allusion aux lectures de Ruskin entreprises par Proust à partir de 1899, qui ont abouti aux articles et études publiés de 1900 à 1903, et aux traductions copieusement annotées de La Bible dʼAmiens (1904) et Sésame et les Lys (1906). [PK, FL]
Note n°8
Il sʼagit de la maison Wellhoff, Neustadtl et Cie, banquiers. [PK]
Note n°9
Proust avait envoyé à Hauser la liste des valeurs quʼil possédait chez Rothschild frères et au Crédit industriel et commercial avec sa lettre du vendredi 22 octobre 1915 (CP 03006 ; Kolb, XIV, n° 118). La vente des valeurs destinées à rembourser sa dette sʼétait effectuée au mois de novembre 1915. [PK, CB]
Note n°10
Il sʼagit sans doute de la Compagnie générale des eaux. — Dans le roman, le père du protagononiste consulte M. de Norpois au sujet de placements quʼil a faits pour son fils, lui montrant quelques-uns des titres ; ainsi, est décrite « dans son encadrement rectangulaire et fleuri que supportaient des divinités fluviales, une action nominative de la Compagnie des Eaux. » (RTP, I, 446.) [PK, FP]
Note n°11
Allusion, semble-t-il, aux relevés des comptes de Proust et leur analyse, que Hauser lui avait envoyés avec sa lettre du 29 octobre 1915 (CP 03013 ; Kolb, XIV, n° 125). [PK]
Note n°12
Voir la note 3 ci-dessus. Cʼest cette ouverture de crédit au Crédit industriel et commercial qui avait permis à Proust dʼacheter un stock énorme de Doubowaïa Balka, quʼil avait ensuite donné lʼordre de vendre avant le déclenchement de la guerre. Voir les lettres écrites à Hauser le 26 juillet [1914] et [vers le 28 juillet 1914] (CP 02805 et CP 02807 ; Kolb, XIII, n° 154 et n° 156). [PK, FP]
Note
[Guilleragues] 1669 Lettres portugaises
Note
Tramway de Mexico


Mots-clefs :guerre
Date de mise en ligne : October 4, 2022 15:07
Date de la dernière mise à jour : November 22, 2022 15:10
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