CP 05405 Marcel Proust à Léon Bailby [le mercredi 9 décembre 1914]
102 bd Haussmann1
Mon cher Léon 2
Je voudrais, si cela ne vous ennuie
pas trop demander un conseil, non
pas
au Directeur de l’Intransigeant
3
mais à l’officier de réserve et surtout
à
l’ami4. En deux mots, après avoir
fait mon
service dans l’Infanterie5 (et
avoir à
ce moment fait jouer plus
de « piston » pour ne pas être réformé
que
beaucoup pour l’être), quand plus tard
j’ai été trop souffrant je me
suis fait
2
nommer officier d’administration6. Mais
mon état s’aggravant
je n’ai jamais
exercé ces fonctions (bien que j’aie eu
de l’avancement à
l’ancienneté !) et, si
bien qu’il y a 4 ans7
après visite d’un major8, j’ai été rayé des
cadres
par décision présidentielle pour
raison de santé9.
Quand cet été on a dit que tous les
réformés auraient à passer un
conseil
de révision et devaient se
faire inscrire à leur mairie10, j’
étais fort malade, peu au
courant,
et pour ne pas risquer de ne pas
être en règle je me suis
fait
3
inscrire à la mairie11. J’ai dit à la personne
qui s’est
chargée de ce soin12
deq
donner les
renseignements qu’on lui demanderait mais comme
on
n’a pas parlé de la question « officier », j’ai
jugé inutile de faire
étalage de ce grade, ne
connaissant pas un mot du métier. Je vais
donc
d’un jour à l’autre je pense être convoqué
pour un conseil de révision. Mais
un de
mes amis officier de réserve13 qui passait par
Paris et entrait me voir l’autre
jour et à qui
j’ai raconté cela m’a dit (j’ignore s’il est
bien informé)
1º que cette contreréforme était
4
pour les hommes et nullement pour les officiers.
2º que quand au conseil de
révision on verrait
que j’etais officier on ne m’examinerait pas
et que j’aurais eu une fatigue
inutile. Pour le
second point je crois que je n’ai qu’à attendre
ma
convocation et aussitôt demander à la Place
14
de
prévenir le recrutement que je n’irai pas àau conseil
de
révision et me ferai visiter à la Place. Ce que j’aurais
le mieux
aimé c’est ne pas
être visité du tout, mes
certificats médicaux établissant mon
absolue
incapacité15, d’ailleurs quand j’ai fait mon
livre le
Temps
, d’autres journaux m’ont fait interviewer16, et leurs
5
rédacteurs ont dit qu’ils étaient venus
près de mon lit que je ne quittais
pas
depuis des années17. Or à ce moment
on ne prévoyait pas les évènements et
cela ne pouvait pas être un moyen
préventif d« ’embusquage18
» ! Mais enfin
si je dois être visité je préfère
me
déranger et aller à la Place plutôt
que de laisser un major souffrir
de
mes fumigations au milieu desquelles il
aurait la plus grande chance
de se
trouver et qui rendent l’atmosphère
de ma chambre irrespirable.
Mais peut’
être n’y a-t-il pas besoin que je sois
visité du tout si la contreréforme ne s’
7 6
applique pas aux officiers. Et c’est
ici que vous pourriez peut’être me
renseigner, car je crois me rappeler
qu’à Versailles quand
vous étiez si joli
cavalier, vous étiez officier de réserve19.
Si vous ne le savez pas, ne
prenez pas
la peine de le faire demander à la
place, car d’Albufera va me
donner
une lettre20 pour le
Ct
de Saxe
21 qui y
est, et
puis je connais Reinach qui
doit y être
aussi22. (Lequel vaut le mieux ?) Votre intervention ne
me serait
précieuse (et combien) que si
vous connaissiez le chef dont je
8 7
dépends, c’est à dire le Directeur du Service de
Santé (je crois le M. Inspecteur
Février ) assez
pour qu’il reglat le tout sur mes certificats.
Mais c’est peu probable. Mais peut’être pouvez-vous
en tous cas me dire si la contreréforme s’appliquerait
aux officiers. – . Cher Léon, exprès je me
suis
limité au conseil pratique que j’avais à vous
demander. Sans cela, il y
aurait trop eu à dire !
Je vous avais écrit23 je crois l’été dernier, après
mon grand chagrin24, avant le
coup de foudre
de la guerre. Depuis comme tout le monde j’ai
8
tremblé pour des vies chères. Vous avez su sans doute que
l’hopital de mon frère a été bombardé à Etain
pendant qu’il opérait et depuis il n’a cessé de
courir – et d’aller audevant – des plus grands dangers.
En ce moment il est dans l’Argonne25 mais il y a un
mois que je n’ai eu de ses nouvelles.
J’espère que
vous n’avez pas trop d’inquiétudes et de chagrins autour
de
vous. Si vous me répondez vous me feriez bien plaisir
en me donnant des
nouvelles d’Albert Flament
26.
Comme détail sans importance j’aimerais savoir à
quel
stupide discoureur vous faisiez allusion hier , qui avait
parlé de la «
synthèse du courage
» !
De tout cœur à vous cher Léon, unis dans la même grande angoisse et la même grande espérance
Votre Marcel Proust
102 bd Haussmann1
Mon cher Léon 2
Je voudrais, si cela ne vous ennuie pas trop demander un conseil, non pas au Directeur de l’Intransigeant 3 mais à l’officier de réserve et surtout à l’ami4. En deux mots, après avoir fait mon service dans l’Infanterie5 (et avoir à ce moment fait jouer plus de « piston » pour ne pas être réformé que beaucoup pour l’être), quand plus tard j’ai été trop souffrant je me suis fait
nommer officier d’administration6. Mais mon état s’aggravant je n’ai jamais exercé ces fonctions (bien que j’aie eu de l’avancement à l’ancienneté !) , si bien qu’il y a quatre ans7 après visite d’un major8, j’ai été rayé des cadres par décision présidentielle pour raison de santé9.
Quand cet été on a dit que tous les réformés auraient à passer un conseil de révision et devaient se faire inscrire à leur mairie10, j’ étais fort malade, peu au courant, et pour ne pas risquer de ne pas être en règle je me suis fait
inscrire à la mairie11. J’ai dit à la personne qui s’est chargée de ce soin12 deq donner les renseignements qu’on lui demanderait mais comme on n’a pas parlé de la question « officier », j’ai jugé inutile de faire étalage de ce grade, ne connaissant pas un mot du métier. Je vais donc d’un jour à l’autre je pense être convoqué pour un conseil de révision. Mais un de mes amis officier de réserve13 qui passait par Paris et entrait me voir l’autre jour et à qui j’ai raconté cela m’a dit (j’ignore s’il est bien informé) 1º que cette contre-réforme était
pour les hommes et nullement pour les officiers. 2º que quand au conseil de révision on verrait que j’étais officier on ne m’examinerait pas et que j’aurais eu une fatigue inutile. Pour le second point je crois que je n’ai qu’à attendre ma convocation et aussitôt demander à la Place 14 de prévenir le recrutement que je n’irai pas au conseil de révision et me ferai visiter à la Place. Ce que j’aurais le mieux aimé c’est ne pas être visité du tout, mes certificats médicaux établissant mon absolue incapacité15, d’ailleurs quand j’ai fait mon livre le Temps , d’autres journaux m’ont fait interviewer16, et leurs
rédacteurs ont dit qu’ils étaient venus près de mon lit que je ne quittais pas depuis des années17. Or à ce moment on ne prévoyait pas les événements et cela ne pouvait pas être un moyen préventif d« ’embusquage18 » ! Mais enfin si je dois être visité je préfère me déranger et aller à la Place plutôt que de laisser un major souffrir de mes fumigations au milieu desquelles il aurait la plus grande chance de se trouver et qui rendent l’atmosphère de ma chambre irrespirable. Mais peut-être n’y a-t-il pas besoin que je sois visité du tout si la contre-réforme ne s’
applique pas aux officiers. Et c’est ici que vous pourriez peut-être me renseigner, car je crois me rappeler qu’à Versailles quand vous étiez si joli cavalier, vous étiez officier de réserve19. Si vous ne le savez pas, ne prenez pas la peine de le faire demander à la Place, car d’Albufera va me donner une lettre20 pour le Commandant de Sachs 21 qui y est, et puis je connais Reinach qui doit y être aussi22. (Lequel vaut le mieux ?) Votre intervention ne me serait précieuse (et combien) que si vous connaissiez le chef dont je
dépends, cʼest-à-dire le Directeur du Service de Santé (je crois le M. Inspecteur Février ) assez pour qu’il réglât le tout sur mes certificats. Mais c’est peu probable. Mais peut-être pouvez-vous en tous cas me dire si la contre-réforme s’appliquerait aux officiers.
Cher Léon, exprès je me suis limité au conseil pratique que j’avais à vous demander. Sans cela, il y aurait trop eu à dire ! Je vous avais écrit23 je crois l’été dernier, après mon grand chagrin24, avant le coup de foudre de la guerre. Depuis comme tout le monde j’ai
tremblé pour des vies chères. Vous avez su sans doute que l’hôpital de mon frère a été bombardé à Étain pendant qu’il opérait et depuis il n’a cessé de courir – et d’aller au-devant – des plus grands dangers. En ce moment il est dans l’Argonne25 mais il y a un mois que je n’ai eu de ses nouvelles. J’espère que vous n’avez pas trop d’inquiétudes et de chagrins autour de vous. Si vous me répondez vous me feriez bien plaisir en me donnant des nouvelles d’Albert Flament 26. Comme détail sans importance j’aimerais savoir à quel stupide discoureur vous faisiez allusion hier , qui avait parlé de la « synthèse du courage » !
De tout cœur à vous cher Léon, unis dans la même grande angoisse et la même grande espérance
Votre Marcel Proust
Date de la dernière mise à jour : June 18, 2024 07:04
102 bd Haussmann1
Mon cher Léon 2
Je voudrais, si cela ne vous ennuie
pas trop demander un conseil, non
pas
au Directeur de l’Intransigeant
3
mais à l’officier de réserve et surtout
à
l’ami4. En deux mots, après avoir
fait mon
service dans l’Infanterie5 (et
avoir à
ce moment fait jouer plus
de « piston » pour ne pas être réformé
que
beaucoup pour l’être), quand plus tard
j’ai été trop souffrant je me
suis fait
2
nommer officier d’administration6. Mais
mon état s’aggravant
je n’ai jamais
exercé ces fonctions (bien que j’aie eu
de l’avancement à
l’ancienneté !) et, si
bien qu’il y a 4 ans7
après visite d’un major8, j’ai été rayé des
cadres
par décision présidentielle pour
raison de santé9.
Quand cet été on a dit que tous les
réformés auraient à passer un
conseil
de révision et devaient se
faire inscrire à leur mairie10, j’
étais fort malade, peu au
courant,
et pour ne pas risquer de ne pas
être en règle je me suis
fait
3
inscrire à la mairie11. J’ai dit à la personne
qui s’est
chargée de ce soin12
deq
donner les
renseignements qu’on lui demanderait mais comme
on
n’a pas parlé de la question « officier », j’ai
jugé inutile de faire
étalage de ce grade, ne
connaissant pas un mot du métier. Je vais
donc
d’un jour à l’autre je pense être convoqué
pour un conseil de révision. Mais
un de
mes amis officier de réserve13 qui passait par
Paris et entrait me voir l’autre
jour et à qui
j’ai raconté cela m’a dit (j’ignore s’il est
bien informé)
1º que cette contreréforme était
4
pour les hommes et nullement pour les officiers.
2º que quand au conseil de
révision on verrait
que j’etais officier on ne m’examinerait pas
et que j’aurais eu une fatigue
inutile. Pour le
second point je crois que je n’ai qu’à attendre
ma
convocation et aussitôt demander à la Place
14
de
prévenir le recrutement que je n’irai pas àau conseil
de
révision et me ferai visiter à la Place. Ce que j’aurais
le mieux
aimé c’est ne pas
être visité du tout, mes
certificats médicaux établissant mon
absolue
incapacité15, d’ailleurs quand j’ai fait mon
livre le
Temps
, d’autres journaux m’ont fait interviewer16, et leurs
5
rédacteurs ont dit qu’ils étaient venus
près de mon lit que je ne quittais
pas
depuis des années17. Or à ce moment
on ne prévoyait pas les évènements et
cela ne pouvait pas être un moyen
préventif d« ’embusquage18
» ! Mais enfin
si je dois être visité je préfère
me
déranger et aller à la Place plutôt
que de laisser un major souffrir
de
mes fumigations au milieu desquelles il
aurait la plus grande chance
de se
trouver et qui rendent l’atmosphère
de ma chambre irrespirable.
Mais peut’
être n’y a-t-il pas besoin que je sois
visité du tout si la contreréforme ne s’
7 6
applique pas aux officiers. Et c’est
ici que vous pourriez peut’être me
renseigner, car je crois me rappeler
qu’à Versailles quand
vous étiez si joli
cavalier, vous étiez officier de réserve19.
Si vous ne le savez pas, ne
prenez pas
la peine de le faire demander à la
place, car d’Albufera va me
donner
une lettre20 pour le
Ct
de Saxe
21 qui y
est, et
puis je connais Reinach qui
doit y être
aussi22. (Lequel vaut le mieux ?) Votre intervention ne
me serait
précieuse (et combien) que si
vous connaissiez le chef dont je
8 7
dépends, c’est à dire le Directeur du Service de
Santé (je crois le M. Inspecteur
Février ) assez
pour qu’il reglat le tout sur mes certificats.
Mais c’est peu probable. Mais peut’être pouvez-vous
en tous cas me dire si la contreréforme s’appliquerait
aux officiers. – . Cher Léon, exprès je me
suis
limité au conseil pratique que j’avais à vous
demander. Sans cela, il y
aurait trop eu à dire !
Je vous avais écrit23 je crois l’été dernier, après
mon grand chagrin24, avant le
coup de foudre
de la guerre. Depuis comme tout le monde j’ai
8
tremblé pour des vies chères. Vous avez su sans doute que
l’hopital de mon frère a été bombardé à Etain
pendant qu’il opérait et depuis il n’a cessé de
courir – et d’aller audevant – des plus grands dangers.
En ce moment il est dans l’Argonne25 mais il y a un
mois que je n’ai eu de ses nouvelles.
J’espère que
vous n’avez pas trop d’inquiétudes et de chagrins autour
de
vous. Si vous me répondez vous me feriez bien plaisir
en me donnant des
nouvelles d’Albert Flament
26.
Comme détail sans importance j’aimerais savoir à
quel
stupide discoureur vous faisiez allusion hier , qui avait
parlé de la «
synthèse du courage
» !
De tout cœur à vous cher Léon, unis dans la même grande angoisse et la même grande espérance
Votre Marcel Proust
102 bd Haussmann1
Mon cher Léon 2
Je voudrais, si cela ne vous ennuie pas trop demander un conseil, non pas au Directeur de l’Intransigeant 3 mais à l’officier de réserve et surtout à l’ami4. En deux mots, après avoir fait mon service dans l’Infanterie5 (et avoir à ce moment fait jouer plus de « piston » pour ne pas être réformé que beaucoup pour l’être), quand plus tard j’ai été trop souffrant je me suis fait
nommer officier d’administration6. Mais mon état s’aggravant je n’ai jamais exercé ces fonctions (bien que j’aie eu de l’avancement à l’ancienneté !) , si bien qu’il y a quatre ans7 après visite d’un major8, j’ai été rayé des cadres par décision présidentielle pour raison de santé9.
Quand cet été on a dit que tous les réformés auraient à passer un conseil de révision et devaient se faire inscrire à leur mairie10, j’ étais fort malade, peu au courant, et pour ne pas risquer de ne pas être en règle je me suis fait
inscrire à la mairie11. J’ai dit à la personne qui s’est chargée de ce soin12 deq donner les renseignements qu’on lui demanderait mais comme on n’a pas parlé de la question « officier », j’ai jugé inutile de faire étalage de ce grade, ne connaissant pas un mot du métier. Je vais donc d’un jour à l’autre je pense être convoqué pour un conseil de révision. Mais un de mes amis officier de réserve13 qui passait par Paris et entrait me voir l’autre jour et à qui j’ai raconté cela m’a dit (j’ignore s’il est bien informé) 1º que cette contre-réforme était
pour les hommes et nullement pour les officiers. 2º que quand au conseil de révision on verrait que j’étais officier on ne m’examinerait pas et que j’aurais eu une fatigue inutile. Pour le second point je crois que je n’ai qu’à attendre ma convocation et aussitôt demander à la Place 14 de prévenir le recrutement que je n’irai pas au conseil de révision et me ferai visiter à la Place. Ce que j’aurais le mieux aimé c’est ne pas être visité du tout, mes certificats médicaux établissant mon absolue incapacité15, d’ailleurs quand j’ai fait mon livre le Temps , d’autres journaux m’ont fait interviewer16, et leurs
rédacteurs ont dit qu’ils étaient venus près de mon lit que je ne quittais pas depuis des années17. Or à ce moment on ne prévoyait pas les événements et cela ne pouvait pas être un moyen préventif d« ’embusquage18 » ! Mais enfin si je dois être visité je préfère me déranger et aller à la Place plutôt que de laisser un major souffrir de mes fumigations au milieu desquelles il aurait la plus grande chance de se trouver et qui rendent l’atmosphère de ma chambre irrespirable. Mais peut-être n’y a-t-il pas besoin que je sois visité du tout si la contre-réforme ne s’
applique pas aux officiers. Et c’est ici que vous pourriez peut-être me renseigner, car je crois me rappeler qu’à Versailles quand vous étiez si joli cavalier, vous étiez officier de réserve19. Si vous ne le savez pas, ne prenez pas la peine de le faire demander à la Place, car d’Albufera va me donner une lettre20 pour le Commandant de Sachs 21 qui y est, et puis je connais Reinach qui doit y être aussi22. (Lequel vaut le mieux ?) Votre intervention ne me serait précieuse (et combien) que si vous connaissiez le chef dont je
dépends, cʼest-à-dire le Directeur du Service de Santé (je crois le M. Inspecteur Février ) assez pour qu’il réglât le tout sur mes certificats. Mais c’est peu probable. Mais peut-être pouvez-vous en tous cas me dire si la contre-réforme s’appliquerait aux officiers.
Cher Léon, exprès je me suis limité au conseil pratique que j’avais à vous demander. Sans cela, il y aurait trop eu à dire ! Je vous avais écrit23 je crois l’été dernier, après mon grand chagrin24, avant le coup de foudre de la guerre. Depuis comme tout le monde j’ai
tremblé pour des vies chères. Vous avez su sans doute que l’hôpital de mon frère a été bombardé à Étain pendant qu’il opérait et depuis il n’a cessé de courir – et d’aller au-devant – des plus grands dangers. En ce moment il est dans l’Argonne25 mais il y a un mois que je n’ai eu de ses nouvelles. J’espère que vous n’avez pas trop d’inquiétudes et de chagrins autour de vous. Si vous me répondez vous me feriez bien plaisir en me donnant des nouvelles d’Albert Flament 26. Comme détail sans importance j’aimerais savoir à quel stupide discoureur vous faisiez allusion hier , qui avait parlé de la « synthèse du courage » !
De tout cœur à vous cher Léon, unis dans la même grande angoisse et la même grande espérance
Votre Marcel Proust
Date de la dernière mise à jour : June 18, 2024 07:04