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CP 02229 Cœcilia Hayward à Marcel Proust [deuxième quinzaine ? de juillet 1911]

Surlignage

Monsieur Proust

Monsieur,

Je vous envoie le travail de copie. Malheureusement
je ne peux pas lire la suite de la page 54. (lʼintercalation)
Si vous voulez bien me le faire remettre demain matin jʼessayerais
de le finir, mais ce soir la lumière ne permet pas que je le
lise.

Stenographer


Surlignage
Monsieur Proust

Monsieur,

Je vous envoie le travail de copie. Malheureusement je ne peux pas lire la suite de la page 54 (lʼintercalation). Si vous voulez bien me le faire remettre demain matin jʼessayerais de le finir, mais ce soir la lumière ne permet pas que je le lise.

Stenographer

Note n°1
Ce billet, actuellement conservé entre deux pages de la dactylographie dʼ« Un amour de Swann » (NAF 16734, entre les f. 38r et 39r), concerne le travail de « copie » (cʼest-à-dire de dactylographie) effectué pendant lʼété de 1911 à Cabourg (voir la note 2 ci-après). En effet, cʼest cet été-là que Proust a découvert au Grand Hôtel la présence de Miss Hayward, dactylographe anglaise  : voir la lettre au jeune homme inconnu [vers la mi-juillet 1911] (CP 02212, Kolb, X, n° 155) ou encore la lettre à Reynaldo Hahn [vers le 17 ou le 18 août 1911] (CP 02222, Kolb, X, n° 165). Le travail ici mentionné (une « intercalation » à la « page 54 », cʼest-à-dire la réfection dʼune page de « Combray » déjà tapée en 1909 (voir note 3) et la relation directe entre Miss Hayward et Proust (voir note 2) suggèrent que cet échange précède le moment où Albert Nahmias devient lʼintermédiaire entre Proust et ses dactylographes. Il est donc probable que le présent courrier se situe dans la seconde quinzaine de juillet 1911, au début de la collaboration entre Miss Hayward et Proust (et non vers septembre comme lʼavait suggéré Philip Kolb). [FL]
Note n°2génétique
« Copier » est, à lʼépoque, très souvent employé pour « copier à la machine ». Le travail de chaque dactylographe présentant ses propres caractéristiques, lʼexamen matériel des différents jeux de dactylographie a permis dʼétablir très exactement le détail des pages tapées par Miss Hayward entre lʼété de 1911 et fin juin 1912 (voir Robert Brydges, « Analyse matérielle des dactylographies du Temps perdu », BIP, n° 16, 1985, p. 7-10). Ainsi, pendant lʼété de 1911, elle a retapé plusieurs pages de « Combray » dactylographiées en 1909 puis modifiées, dactylographié les longs passages additionnels, puis toute la fin de « Combray » (p. « 168 » à « 221 »), et surtout les deux tiers dʼ « Un amour de Swann » (p. « 222 » à « 365 »). La collaboration de Nahmias nʼétant repérable quʼà partir de la page « 97 » de la dactylographie NAF 16733 (dans le passage de la visite à lʼoncle Adolphe), où il se met à copier le texte de Proust au fur et à mesure de sa mise au net pour Miss Hayward puis à le lui dicter, le travail ici évoqué par Miss Hayward (voir note 3 ci-après) se situe donc au début du séjour de Proust, lorsquʼil se plaint que la dactylographe anglaise ne parvient pas à lire son écriture. [FL]
Note n°3génétique
La page « 54 » qui se trouve dans le jeu de dactylographie de « Combray » conservé à la BnF sous la cote NAF 16733 (voir NAF 16733, f. 61r) est en effet une page refaite par Miss Hayward. Quant à la page initiale tapée en 1909 par le ou la dactylographe A, repérable par sa pagination placée entre parenthèses en tête du feuillet (voir Brydges, art. cit.), elle se trouve, curieusement, en deux exemplaires (lʼoriginal et une double carbone) dans le jeu dacytlographique NAF 16730 censément plus abouti (voir NAF 16730, f. 65r et f. 64r) : Proust a coupé cette page en deux et inséré en son milieu une longue addition recopiée par Nicolas Cottin. Dans le jeu NAF 16733, la page retapée par Miss Hayward comprend donc : les seize premières lignes du texte intial retapées telles quelles jusquʼà « lʼami redescend seul » (cf. la page (54) initiale dans la dactylographie NAF 16730), puis le passage dactylographié qui correspond à « lʼintercalation » que Miss Hayward devait intégrer, et encore une nouvelle addition manuscrite de la main de Proust, le bas du feuillet étant constitué par la deuxième moité de la page (54) initiale. Miss Hayward a donc dû, le lendemain de cette lettre, taper lʼ« intercalation » quʼelle dit ici ne pas pouvoir lire. — Si lʼon examine la page (53), on aperçoit en effet sur son verso (NAF 16733, f. 60v) le manuscrit très raturé du passage quʼelle devait intercaler. Sʼil sʼagit bien là du texte quʼelle devait recopier à la machine, on conçoit aisément quʼelle nʼy soit pas parvenue, même sans lʼexcuse dʼune lumière déclinante. Proust a sans doute dû le recopier plus lisiblement sur une feuille volante, car il existe entre le texte manuscrit au dos de la page (53) et le texte tapé par Miss Hayward quelques différences qui ne peuvent lui être imputées (comme le passage de « je » à « on »). [FL]
Note n°4
Cet anglicisme de syntaxe (en français, on dirait : « la lumière ne me permet pas de la lire ») conforte, ainsi que la signature en anglais (« Stenographer ») lʼidentification de cette dactylographe à Miss Hayward. [FL]


Mots-clefs :genèse
Date de mise en ligne : September 23, 2024 02:34
Date de la dernière mise à jour : September 23, 2024 02:34
Surlignage

Monsieur Proust

Monsieur,

Je vous envoie le travail de copie. Malheureusement
je ne peux pas lire la suite de la page 54. (lʼintercalation)
Si vous voulez bien me le faire remettre demain matin jʼessayerais
de le finir, mais ce soir la lumière ne permet pas que je le
lise.

Stenographer


Surlignage
Monsieur Proust

Monsieur,

Je vous envoie le travail de copie. Malheureusement je ne peux pas lire la suite de la page 54 (lʼintercalation). Si vous voulez bien me le faire remettre demain matin jʼessayerais de le finir, mais ce soir la lumière ne permet pas que je le lise.

Stenographer

Note n°1
Ce billet, actuellement conservé entre deux pages de la dactylographie dʼ« Un amour de Swann » (NAF 16734, entre les f. 38r et 39r), concerne le travail de « copie » (cʼest-à-dire de dactylographie) effectué pendant lʼété de 1911 à Cabourg (voir la note 2 ci-après). En effet, cʼest cet été-là que Proust a découvert au Grand Hôtel la présence de Miss Hayward, dactylographe anglaise  : voir la lettre au jeune homme inconnu [vers la mi-juillet 1911] (CP 02212, Kolb, X, n° 155) ou encore la lettre à Reynaldo Hahn [vers le 17 ou le 18 août 1911] (CP 02222, Kolb, X, n° 165). Le travail ici mentionné (une « intercalation » à la « page 54 », cʼest-à-dire la réfection dʼune page de « Combray » déjà tapée en 1909 (voir note 3) et la relation directe entre Miss Hayward et Proust (voir note 2) suggèrent que cet échange précède le moment où Albert Nahmias devient lʼintermédiaire entre Proust et ses dactylographes. Il est donc probable que le présent courrier se situe dans la seconde quinzaine de juillet 1911, au début de la collaboration entre Miss Hayward et Proust (et non vers septembre comme lʼavait suggéré Philip Kolb). [FL]
Note n°2génétique
« Copier » est, à lʼépoque, très souvent employé pour « copier à la machine ». Le travail de chaque dactylographe présentant ses propres caractéristiques, lʼexamen matériel des différents jeux de dactylographie a permis dʼétablir très exactement le détail des pages tapées par Miss Hayward entre lʼété de 1911 et fin juin 1912 (voir Robert Brydges, « Analyse matérielle des dactylographies du Temps perdu », BIP, n° 16, 1985, p. 7-10). Ainsi, pendant lʼété de 1911, elle a retapé plusieurs pages de « Combray » dactylographiées en 1909 puis modifiées, dactylographié les longs passages additionnels, puis toute la fin de « Combray » (p. « 168 » à « 221 »), et surtout les deux tiers dʼ « Un amour de Swann » (p. « 222 » à « 365 »). La collaboration de Nahmias nʼétant repérable quʼà partir de la page « 97 » de la dactylographie NAF 16733 (dans le passage de la visite à lʼoncle Adolphe), où il se met à copier le texte de Proust au fur et à mesure de sa mise au net pour Miss Hayward puis à le lui dicter, le travail ici évoqué par Miss Hayward (voir note 3 ci-après) se situe donc au début du séjour de Proust, lorsquʼil se plaint que la dactylographe anglaise ne parvient pas à lire son écriture. [FL]
Note n°3génétique
La page « 54 » qui se trouve dans le jeu de dactylographie de « Combray » conservé à la BnF sous la cote NAF 16733 (voir NAF 16733, f. 61r) est en effet une page refaite par Miss Hayward. Quant à la page initiale tapée en 1909 par le ou la dactylographe A, repérable par sa pagination placée entre parenthèses en tête du feuillet (voir Brydges, art. cit.), elle se trouve, curieusement, en deux exemplaires (lʼoriginal et une double carbone) dans le jeu dacytlographique NAF 16730 censément plus abouti (voir NAF 16730, f. 65r et f. 64r) : Proust a coupé cette page en deux et inséré en son milieu une longue addition recopiée par Nicolas Cottin. Dans le jeu NAF 16733, la page retapée par Miss Hayward comprend donc : les seize premières lignes du texte intial retapées telles quelles jusquʼà « lʼami redescend seul » (cf. la page (54) initiale dans la dactylographie NAF 16730), puis le passage dactylographié qui correspond à « lʼintercalation » que Miss Hayward devait intégrer, et encore une nouvelle addition manuscrite de la main de Proust, le bas du feuillet étant constitué par la deuxième moité de la page (54) initiale. Miss Hayward a donc dû, le lendemain de cette lettre, taper lʼ« intercalation » quʼelle dit ici ne pas pouvoir lire. — Si lʼon examine la page (53), on aperçoit en effet sur son verso (NAF 16733, f. 60v) le manuscrit très raturé du passage quʼelle devait intercaler. Sʼil sʼagit bien là du texte quʼelle devait recopier à la machine, on conçoit aisément quʼelle nʼy soit pas parvenue, même sans lʼexcuse dʼune lumière déclinante. Proust a sans doute dû le recopier plus lisiblement sur une feuille volante, car il existe entre le texte manuscrit au dos de la page (53) et le texte tapé par Miss Hayward quelques différences qui ne peuvent lui être imputées (comme le passage de « je » à « on »). [FL]
Note n°4
Cet anglicisme de syntaxe (en français, on dirait : « la lumière ne me permet pas de la lire ») conforte, ainsi que la signature en anglais (« Stenographer ») lʼidentification de cette dactylographe à Miss Hayward. [FL]


Mots-clefs :genèse
Date de mise en ligne : September 23, 2024 02:34
Date de la dernière mise à jour : September 23, 2024 02:34
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