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CP 01975 Marcel Proust à Robert de Montesquiou [peu après le 12 mai 1909]

Surlignage

102 bd Haussmann

Cher Monsieur

Je vous remercie de tout mon
cœur de m’avoir envoyé ces
flèches et ces rayons, cette
savante et éblouissante pièce
d’artifice mais où toutes les
fusées sont prises « au foyer saint
des rayons primitifs » et font
briller de pure lumière en vos
miroirs nullement « obscurcis »
et assez allègrement plaintifs
. Ce


qui est charmant c’est cette
bonhomie Lafontainienne que
vous avez prise depuis quelque
temps. «  Le peuple abrégé  ! »
C’est digne du fabuliste. Hélas
pas si bonhomme que cela! Tout
à côté vous y êtes bien méchant !
J’espère que je vais aller mieux et
vous voir ! ce dont j’ai faim et
soif

Votre admirateur ami


Marcel Proust

Surlignage
102 boulevard Haussmann

Cher Monsieur,

Je vous remercie de tout mon cœur de m’avoir envoyé ces flèches et ces rayons, cette savante et éblouissante pièce d’artifice mais où toutes les fusées sont prises « au foyer saint des rayons primitifs » et font briller de pure lumière en vos miroirs nullement « obscurcis » et assez allègrement plaintifs . Ce qui est charmant c’est cette bonhomie Lafontainienne que vous avez prise depuis quelque temps. «  Le peuple abrégé  ! » C’est digne du fabuliste. Hélas pas si bonhomme que cela! Tout à côté vous y êtes bien méchant ! J’espère que je vais aller mieux et vous voir ! ce dont j’ai faim et soif.

Votre admirateur ami

Marcel Proust

Note n°1
Lettre de remerciement écrite au sujet dʼun article paru le 12 mai 1909 (note 3 ci-après) : elle semble donc avoir été écrite peu de temps après cette date. [PK]
Note n°2
Citation approximative de la dernière strophe de « Bénédiction » (Les Fleurs du Mal : Spleen et Idéal, I)  : « Car il ne sera fait que de pure lumière / Puisée au foyer saint des rayons primitifs, / Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière, / Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs! ». [PK]
Note n°3
Citation d’un article du destinataire paru dans Gil Blas du mercredi 12 mai 1909, p. 1, sous le titre « La Revanche des Nains ». Il y est question d’un convoi de deux cents nains destinés à peupler un « Village lilliputien » au Jardin d’acclimatation. Cet article est repris dans Têtes d’expression (1912), chapitre XX, où, l’auteur parle des « scènes où le peuple abrégé fait montre de ses talents » (p. 304). [PK]
Note n°4
L’écrivain parle par exemple, des « petits bonshommes étranges, de singulières petites bonnes femmes, rangés sur les banquettes des chars-à-bancs, comme des magots sur des étagères ». D’un groupe des nains, il dit que « les visages sont, suivant l’âge, d’Eoles bas sur pattes, ou plissotants comme des blagues à tabac demi-pleines, ou encore des ballons rouges qui ont passé la nuit ». Il décrit un autre groupe comme étant des « fœtus en rupture de bocal ». Plus loin : « Les habitants de la ville de Swift tenaient à plusieurs dans la poche de Gulliver; tandis que les nains de l’Acclimatation, l’on n’en ferait tenir guère plus de deux, dans une des poches, même de Madame Moore. » Têtes dʼexpression, p. 292 et p. 301-303. [PK]


Mots-clefs :élogelecturessanté
Date de mise en ligne : February 16, 2024 16:26
Date de la dernière mise à jour : June 18, 2024 07:03
Surlignage

102 bd Haussmann

Cher Monsieur

Je vous remercie de tout mon
cœur de m’avoir envoyé ces
flèches et ces rayons, cette
savante et éblouissante pièce
d’artifice mais où toutes les
fusées sont prises « au foyer saint
des rayons primitifs » et font
briller de pure lumière en vos
miroirs nullement « obscurcis »
et assez allègrement plaintifs
. Ce


qui est charmant c’est cette
bonhomie Lafontainienne que
vous avez prise depuis quelque
temps. «  Le peuple abrégé  ! »
C’est digne du fabuliste. Hélas
pas si bonhomme que cela! Tout
à côté vous y êtes bien méchant !
J’espère que je vais aller mieux et
vous voir ! ce dont j’ai faim et
soif

Votre admirateur ami


Marcel Proust

Surlignage
102 boulevard Haussmann

Cher Monsieur,

Je vous remercie de tout mon cœur de m’avoir envoyé ces flèches et ces rayons, cette savante et éblouissante pièce d’artifice mais où toutes les fusées sont prises « au foyer saint des rayons primitifs » et font briller de pure lumière en vos miroirs nullement « obscurcis » et assez allègrement plaintifs . Ce qui est charmant c’est cette bonhomie Lafontainienne que vous avez prise depuis quelque temps. «  Le peuple abrégé  ! » C’est digne du fabuliste. Hélas pas si bonhomme que cela! Tout à côté vous y êtes bien méchant ! J’espère que je vais aller mieux et vous voir ! ce dont j’ai faim et soif.

Votre admirateur ami

Marcel Proust

Note n°1
Lettre de remerciement écrite au sujet dʼun article paru le 12 mai 1909 (note 3 ci-après) : elle semble donc avoir été écrite peu de temps après cette date. [PK]
Note n°2
Citation approximative de la dernière strophe de « Bénédiction » (Les Fleurs du Mal : Spleen et Idéal, I)  : « Car il ne sera fait que de pure lumière / Puisée au foyer saint des rayons primitifs, / Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière, / Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs! ». [PK]
Note n°3
Citation d’un article du destinataire paru dans Gil Blas du mercredi 12 mai 1909, p. 1, sous le titre « La Revanche des Nains ». Il y est question d’un convoi de deux cents nains destinés à peupler un « Village lilliputien » au Jardin d’acclimatation. Cet article est repris dans Têtes d’expression (1912), chapitre XX, où, l’auteur parle des « scènes où le peuple abrégé fait montre de ses talents » (p. 304). [PK]
Note n°4
L’écrivain parle par exemple, des « petits bonshommes étranges, de singulières petites bonnes femmes, rangés sur les banquettes des chars-à-bancs, comme des magots sur des étagères ». D’un groupe des nains, il dit que « les visages sont, suivant l’âge, d’Eoles bas sur pattes, ou plissotants comme des blagues à tabac demi-pleines, ou encore des ballons rouges qui ont passé la nuit ». Il décrit un autre groupe comme étant des « fœtus en rupture de bocal ». Plus loin : « Les habitants de la ville de Swift tenaient à plusieurs dans la poche de Gulliver; tandis que les nains de l’Acclimatation, l’on n’en ferait tenir guère plus de deux, dans une des poches, même de Madame Moore. » Têtes dʼexpression, p. 292 et p. 301-303. [PK]


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