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CP 01747 Marcel Proust à Alfred Vallette [janvier 1908]

Surlignage

102 bd Haussmann

Cher Monsieur

Vous seriez bien bon de me faire envoyer le plus tôt possible 3 Bible d’Amiens, 3 Sésame, 1 Lettres de Carlyle, 1 Portraits Imaginaires de Pater. Pardon de vous ennuyer et de me permettre de vous écrire pour si peu mais je ne sais à qui on doit adresser ces demandes au Mercure. J’ai donné à mon ami M. Lucien Daudet une lettre de recommandation auprès de vous. Je ne sais s’il en a profité et si vous avez reçu l’expression du chagrin que j’ai ne quittant plus mon lit à ne jamais vous voir, mon espoir d’aller vous serrer la main au printemps.

En attendant veuillez agréer cher Monsieur toute ma reconnaissance et mon dévouement et tous mes hommages distingués.


Marcel Proust

Surlignage

102 boulevard Haussmann

Cher Monsieur

Vous seriez bien bon de me faire envoyer le plus tôt possible trois Bible d’Amiens, trois Sésame, un Lettres de Carlyle, un Portraits Imaginaires de Pater. Pardon de vous ennuyer et de me permettre de vous écrire pour si peu mais je ne sais à qui on doit adresser ces demandes au Mercure. J’ai donné à mon ami M. Lucien Daudet une lettre de recommandation auprès de vous. Je ne sais s’il en a profité et si vous avez reçu l’expression du chagrin que j’ai ne quittant plus mon lit à ne jamais vous voir, mon espoir d’aller vous serrer la main au printemps.

En attendant veuillez agréer cher Monsieur toute ma reconnaissance et mon dévouement et tous mes hommages distingués.

Marcel Proust

Note n°1
La lettre est datée du mois de [janvier 1908] par Ph. Kolb : voir la note 2 ci-après. [PK]
Note n°2
Il s’agit de Carlyle intime : Lettres de Thomas Carlyle à sa mère, dont plusieurs inédites, revues sur les originaux par M. Alexandre Carlyle, traduites par Émile Masson et parues au Mercure de France en 1907. Proust arrachera deux feuillets (p. 307-308, p. 309-310) de ce volume demandé à Alfred Vallette pour les envoyer à Reynaldo Hahn [vers la fin de janvier ou début de février 1908] (CP 01754 ; Kolb, VIII, n° 10), inscrivant en tête du premier feuillet : « Je vous envoie la lettre d’un autre grand malade huit jours avant la mort de sa mère 4 Décembre 1853 ». La référence que Proust reporte est imprécise : si les feuillets arrachés au volume correspondent bien à la dernière lettre de Carlyle à sa mère, datée du 4 décembre 1853, le décès de celle-ci survient le 25 décembre, c’est-à-dire trois semaines et non huit jours après la lettre citée. — En tête de la première page d’un des carnets que Madame Straus lui a offerts en étrennes en janvier 1908, Proust inscrira cette note : « Lettre de Carlyle à sa mère "Je ne suis pas si souffrant que je vous le dis. » (Carnet 1, f. 2r ; Cn 1908, p. 47 et 133, note 3 ; Cn, p. 31, note 1). Voir à ce sujet la note 2 de la lettre à Reynaldo Hahn (CP 01754 ; Kolb, VIII, n° 10). Proust avait sans doute retenu une allusion de Carlyle à son état de santé dans une lettre datée du 16 novembre 1826  : « je vous prie très instamment de faire que votre imagination soit assez aimable pour ne pas en exagérer la moindre partie, car, en pure vérité, si vous me voyiez, vous me trouveriez beaucoup mieux que cette lettre ne vous le fera supposer. » (Nous soulignons. Lettres de Thomas Carlyle à sa mère, op. cit., p. 88). [PK, ChC]
Note n°3
Proust écrit à Alfred Vallette, directeur du Mercure de France depuis 1890, pour se faire envoyer quelques exemplaires d’ouvrages parus chez cet éditeur, dont ses traductions de l’anglais de John Ruskin, La Bible d’Amiens (1904) et Sésame et les Lys (1906). Proust demande aussi Lettres de Thomas Carlyle à sa mère, traduites par Émile Masson (1907) (voir note 2 ci-dessus), et Portraits imaginaires de Walter Pater, traduits par Georges Khnopff, avec une introduction d’Arthur Symons (1899). En ce qui concerne Walter Pater, voir la note 8 de la lettre de Proust à Maurice Barrès datée du [13, 14 ou 15 mars 1904] par Ph. Kolb (CP 00941 ; Kolb, IV, n° 45, note 8) : dans deux notes de La Bible d’Amiens, Proust mentionne Pater, à propos des « paysages de France vus par des yeux anglais » (note 1, p. 68) et du « gothique dégagé de toute tradition romane » (note 2, p. 250), faisant allusion à Miscellaneous Studies : A Series of Essays, Londres et New York, Macmillan, 1895, où se trouvent les essais « Notre-Dame d’Amiens » (p. 91-105) et « Vézelay » (p. 106-120), publiés en 1894 dans la revue Nineteenth Century, et « Apollo in Picardy » (p. 121-146), publié en 1893 dans Harper’s New Monthly Magazine. [PK, ChC]
Note n°4
Dans le manuscrit (que Philip Kolb avait pu consulter mais qui nʼest pas localisé à ce jour), Proust avait dʼabord écrit « à qui demander cela », puis ajouté en interligne, après « à qui », « on doit adresser ces », surchargant l’r de « demander » en s. [PK, NM]
Note n°5
La lettre mentionnée par Proust nʼa pas été retrouvée. [PK]
Note
John Ruskin La Bible dʼAmiens. Traduction, notes et préface par Marcel Proust pubPlace publisher 1904
Note
John Ruskin Sésame et les Lys. Des trésors des rois, des jardins des reines. Traduction, notes et préface de Marcel Proust pubPlace publisher mai 1906
Note
Thomas Carlyle Carlyle intime : Lettres de Thomas Carlyle à sa mère, dont plusieurs inédites, revues sur les originaux par M. Alexandre Carlyle. Traduction dʼÉmile Masson pubPlace publisher 1907
Note
Walter Pater Portraits imaginaires. Traduction de Georges Khnopff ; introduction dʼArthur Symons pubPlace publisher 1899


Mots-clefs :documentationéditionépistolaritélecturessanté
Date de mise en ligne : February 16, 2024 15:49
Date de la dernière mise à jour : June 18, 2024 07:03
Surlignage

102 bd Haussmann

Cher Monsieur

Vous seriez bien bon de me faire envoyer le plus tôt possible 3 Bible d’Amiens, 3 Sésame, 1 Lettres de Carlyle, 1 Portraits Imaginaires de Pater. Pardon de vous ennuyer et de me permettre de vous écrire pour si peu mais je ne sais à qui on doit adresser ces demandes au Mercure. J’ai donné à mon ami M. Lucien Daudet une lettre de recommandation auprès de vous. Je ne sais s’il en a profité et si vous avez reçu l’expression du chagrin que j’ai ne quittant plus mon lit à ne jamais vous voir, mon espoir d’aller vous serrer la main au printemps.

En attendant veuillez agréer cher Monsieur toute ma reconnaissance et mon dévouement et tous mes hommages distingués.


Marcel Proust

Surlignage

102 boulevard Haussmann

Cher Monsieur

Vous seriez bien bon de me faire envoyer le plus tôt possible trois Bible d’Amiens, trois Sésame, un Lettres de Carlyle, un Portraits Imaginaires de Pater. Pardon de vous ennuyer et de me permettre de vous écrire pour si peu mais je ne sais à qui on doit adresser ces demandes au Mercure. J’ai donné à mon ami M. Lucien Daudet une lettre de recommandation auprès de vous. Je ne sais s’il en a profité et si vous avez reçu l’expression du chagrin que j’ai ne quittant plus mon lit à ne jamais vous voir, mon espoir d’aller vous serrer la main au printemps.

En attendant veuillez agréer cher Monsieur toute ma reconnaissance et mon dévouement et tous mes hommages distingués.

Marcel Proust

Note n°1
La lettre est datée du mois de [janvier 1908] par Ph. Kolb : voir la note 2 ci-après. [PK]
Note n°2
Il s’agit de Carlyle intime : Lettres de Thomas Carlyle à sa mère, dont plusieurs inédites, revues sur les originaux par M. Alexandre Carlyle, traduites par Émile Masson et parues au Mercure de France en 1907. Proust arrachera deux feuillets (p. 307-308, p. 309-310) de ce volume demandé à Alfred Vallette pour les envoyer à Reynaldo Hahn [vers la fin de janvier ou début de février 1908] (CP 01754 ; Kolb, VIII, n° 10), inscrivant en tête du premier feuillet : « Je vous envoie la lettre d’un autre grand malade huit jours avant la mort de sa mère 4 Décembre 1853 ». La référence que Proust reporte est imprécise : si les feuillets arrachés au volume correspondent bien à la dernière lettre de Carlyle à sa mère, datée du 4 décembre 1853, le décès de celle-ci survient le 25 décembre, c’est-à-dire trois semaines et non huit jours après la lettre citée. — En tête de la première page d’un des carnets que Madame Straus lui a offerts en étrennes en janvier 1908, Proust inscrira cette note : « Lettre de Carlyle à sa mère "Je ne suis pas si souffrant que je vous le dis. » (Carnet 1, f. 2r ; Cn 1908, p. 47 et 133, note 3 ; Cn, p. 31, note 1). Voir à ce sujet la note 2 de la lettre à Reynaldo Hahn (CP 01754 ; Kolb, VIII, n° 10). Proust avait sans doute retenu une allusion de Carlyle à son état de santé dans une lettre datée du 16 novembre 1826  : « je vous prie très instamment de faire que votre imagination soit assez aimable pour ne pas en exagérer la moindre partie, car, en pure vérité, si vous me voyiez, vous me trouveriez beaucoup mieux que cette lettre ne vous le fera supposer. » (Nous soulignons. Lettres de Thomas Carlyle à sa mère, op. cit., p. 88). [PK, ChC]
Note n°3
Proust écrit à Alfred Vallette, directeur du Mercure de France depuis 1890, pour se faire envoyer quelques exemplaires d’ouvrages parus chez cet éditeur, dont ses traductions de l’anglais de John Ruskin, La Bible d’Amiens (1904) et Sésame et les Lys (1906). Proust demande aussi Lettres de Thomas Carlyle à sa mère, traduites par Émile Masson (1907) (voir note 2 ci-dessus), et Portraits imaginaires de Walter Pater, traduits par Georges Khnopff, avec une introduction d’Arthur Symons (1899). En ce qui concerne Walter Pater, voir la note 8 de la lettre de Proust à Maurice Barrès datée du [13, 14 ou 15 mars 1904] par Ph. Kolb (CP 00941 ; Kolb, IV, n° 45, note 8) : dans deux notes de La Bible d’Amiens, Proust mentionne Pater, à propos des « paysages de France vus par des yeux anglais » (note 1, p. 68) et du « gothique dégagé de toute tradition romane » (note 2, p. 250), faisant allusion à Miscellaneous Studies : A Series of Essays, Londres et New York, Macmillan, 1895, où se trouvent les essais « Notre-Dame d’Amiens » (p. 91-105) et « Vézelay » (p. 106-120), publiés en 1894 dans la revue Nineteenth Century, et « Apollo in Picardy » (p. 121-146), publié en 1893 dans Harper’s New Monthly Magazine. [PK, ChC]
Note n°4
Dans le manuscrit (que Philip Kolb avait pu consulter mais qui nʼest pas localisé à ce jour), Proust avait dʼabord écrit « à qui demander cela », puis ajouté en interligne, après « à qui », « on doit adresser ces », surchargant l’r de « demander » en s. [PK, NM]
Note n°5
La lettre mentionnée par Proust nʼa pas été retrouvée. [PK]
Note
John Ruskin La Bible dʼAmiens. Traduction, notes et préface par Marcel Proust pubPlace publisher 1904
Note
John Ruskin Sésame et les Lys. Des trésors des rois, des jardins des reines. Traduction, notes et préface de Marcel Proust pubPlace publisher mai 1906
Note
Thomas Carlyle Carlyle intime : Lettres de Thomas Carlyle à sa mère, dont plusieurs inédites, revues sur les originaux par M. Alexandre Carlyle. Traduction dʼÉmile Masson pubPlace publisher 1907
Note
Walter Pater Portraits imaginaires. Traduction de Georges Khnopff ; introduction dʼArthur Symons pubPlace publisher 1899


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Date de mise en ligne : February 16, 2024 15:49
Date de la dernière mise à jour : June 18, 2024 07:03
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