CP 01746 Marcel Proust à Auguste Marguillier [entre le 1er et le 8 janvier 1908]








Cher Monsieur
Je suis bien vivement touché
de la bonté que vous avez eue de
parler de ma traduction de
la Bible dʼAmiens dans le
Mercure2. Je ne peux pas
vous
dire à quel point cet éloge
venant de vous mʼest sensible.
Il mʼa
fait un bien grand plaisir
et je vous en remercie sincêrement.
Joint à cette carte postale envoyée
dʼAmiens dont jʼavais été si
heureux3, il constitue de votre
part une marque de sympathie
bien précieuse. Jʼai été sollicité
de divers côtés de donner de
petites notices dans la Gazette
(Chronique4) sur des ouvrages
dont il me semble malheureusement
impossible que jʼentretienne
vos lecteurs :
lʼun est une traduction fort
curieuse de Keats que vient
dʼéditer le
Livre5, mais je crains
quʼun poete, si esthète quʼil ait été
ne ressortisse pas exactement à la Chronique des
Arts. Quʼen pensez-vous ? Lʼauteur de cette
traduction est la Mise de Clermont Tonerre.
Un autre ouvrage est le Sens de lʼArt de
M. Gaultier. Celui là rentre exactement dans la
juridiction de la Chronique. Mais nʼen avez-vous
pas déjà parlé6. Mais Ce me serait une bonne
excuse de ne pas mʼen occuper.
Enfin Madame Crémieux qui a traduit la
Nature du Gothique de Ruskin aurait aimé je crois
une
notice un peu plus détaillée que les quelques lignes
parues dans la Chronique7. Cʼest une question trop spéciale
de Rédaction du numéro pour que je puisse me
rendre compte si vos lecteurs peuvent désirer ou
non quʼon revienne avec un peu plus de détails sur
cet ouvrage.
Enfin pendant que je vous ennuie, ne vous serait-il pas
possible de me faire
adresser à condition8 quelques
unes de vos gravures anglaises, notamment
de celles
où un animal est représenté à côté du ou des personnages
dont
elle donne le portrait9. Je ne sais si elles feraient
mon
affaire mais peutʼêtre en prendrais-je une ou deux si
leur format nʼest pas trop
petit10. Le mieux serait quʼon les
laissat chez moi sans attendre la
réponse, car je prends mon repos
aux heures irrégulières où je ne
souffre pas, et il y aurait
risque si lʼon attendait une
réponse immédiate (à moins que
ce ne fut après le dîner) que je
ne puisse la donner ;
vient pas me déranger quand je
repose.
Veuillez agréer cher Monsieur
tous mes souvenirs très affectueusement
reconnaissants
Marcel Proust
Cher Monsieur
Je suis bien vivement touché de la bonté que vous avez eue de parler de ma traduction de la Bible dʼAmiens dans le Mercure2. Je ne peux pas vous dire à quel point cet éloge venant de vous mʼest sensible. Il mʼa fait un bien grand plaisir et je vous en remercie sincèrement. Joint à cette carte postale envoyée dʼAmiens dont jʼavais été si heureux3, il constitue de votre part une marque de sympathie bien précieuse. Jʼai été sollicité de divers côtés de donner de petites notices dans la Gazette (Chronique4) sur des ouvrages dont il me semble malheureusement impossible que jʼentretienne vos lecteurs :
lʼun est une traduction fort curieuse de Keats que vient dʼéditer le Livre5, mais je crains quʼun poète, si esthète quʼil ait été ne ressortisse pas exactement à la Chronique des Arts. Quʼen pensez-vous ? Lʼauteur de cette traduction est la marquise de Clermont-Tonnerre.
Un autre ouvrage est Le Sens de lʼArt de M. Gaultier. Celui-là rentre exactement dans la juridiction de la Chronique. Mais nʼen avez-vous pas déjà parlé6. Ce me serait une bonne excuse de ne pas mʼen occuper.
Enfin madame Crémieux qui a traduit La Nature du Gothique de Ruskin aurait aimé je crois une notice un peu plus détaillée que les quelques lignes parues dans la Chronique7. Cʼest une question trop spéciale de Rédaction du numéro pour que je puisse me rendre compte si vos lecteurs peuvent désirer ou non quʼon revienne avec un peu plus de détails sur cet ouvrage.
Enfin pendant que je vous ennuie, ne vous serait-il pas possible de me faire adresser à condition8 quelques unes de vos gravures anglaises, notamment de celles où un animal est représenté à côté du ou des personnages dont elle donne le portrait9. Je ne sais si elles feraient mon affaire mais peut-être en prendrais-je une ou deux si leur format nʼest pas trop petit10. Le mieux serait quʼon les laissât chez moi sans attendre la réponse, car je prends mon repos aux heures irrégulières où je ne souffre pas, et il y aurait risque si lʼon attendait une réponse immédiate (à moins que ce ne fût après le dîner) que je ne puisse la donner ; on ne vient pas me déranger quand je repose.
Veuillez agréer cher Monsieur tous mes souvenirs très affectueusement reconnaissants.
Marcel Proust
Date de la dernière mise à jour : September 16, 2024 15:26








Cher Monsieur
Je suis bien vivement touché
de la bonté que vous avez eue de
parler de ma traduction de
la Bible dʼAmiens dans le
Mercure2. Je ne peux pas
vous
dire à quel point cet éloge
venant de vous mʼest sensible.
Il mʼa
fait un bien grand plaisir
et je vous en remercie sincêrement.
Joint à cette carte postale envoyée
dʼAmiens dont jʼavais été si
heureux3, il constitue de votre
part une marque de sympathie
bien précieuse. Jʼai été sollicité
de divers côtés de donner de
petites notices dans la Gazette
(Chronique4) sur des ouvrages
dont il me semble malheureusement
impossible que jʼentretienne
vos lecteurs :
lʼun est une traduction fort
curieuse de Keats que vient
dʼéditer le
Livre5, mais je crains
quʼun poete, si esthète quʼil ait été
ne ressortisse pas exactement à la Chronique des
Arts. Quʼen pensez-vous ? Lʼauteur de cette
traduction est la Mise de Clermont Tonerre.
Un autre ouvrage est le Sens de lʼArt de
M. Gaultier. Celui là rentre exactement dans la
juridiction de la Chronique. Mais nʼen avez-vous
pas déjà parlé6. Mais Ce me serait une bonne
excuse de ne pas mʼen occuper.
Enfin Madame Crémieux qui a traduit la
Nature du Gothique de Ruskin aurait aimé je crois
une
notice un peu plus détaillée que les quelques lignes
parues dans la Chronique7. Cʼest une question trop spéciale
de Rédaction du numéro pour que je puisse me
rendre compte si vos lecteurs peuvent désirer ou
non quʼon revienne avec un peu plus de détails sur
cet ouvrage.
Enfin pendant que je vous ennuie, ne vous serait-il pas
possible de me faire
adresser à condition8 quelques
unes de vos gravures anglaises, notamment
de celles
où un animal est représenté à côté du ou des personnages
dont
elle donne le portrait9. Je ne sais si elles feraient
mon
affaire mais peutʼêtre en prendrais-je une ou deux si
leur format nʼest pas trop
petit10. Le mieux serait quʼon les
laissat chez moi sans attendre la
réponse, car je prends mon repos
aux heures irrégulières où je ne
souffre pas, et il y aurait
risque si lʼon attendait une
réponse immédiate (à moins que
ce ne fut après le dîner) que je
ne puisse la donner ;
vient pas me déranger quand je
repose.
Veuillez agréer cher Monsieur
tous mes souvenirs très affectueusement
reconnaissants
Marcel Proust
Cher Monsieur
Je suis bien vivement touché de la bonté que vous avez eue de parler de ma traduction de la Bible dʼAmiens dans le Mercure2. Je ne peux pas vous dire à quel point cet éloge venant de vous mʼest sensible. Il mʼa fait un bien grand plaisir et je vous en remercie sincèrement. Joint à cette carte postale envoyée dʼAmiens dont jʼavais été si heureux3, il constitue de votre part une marque de sympathie bien précieuse. Jʼai été sollicité de divers côtés de donner de petites notices dans la Gazette (Chronique4) sur des ouvrages dont il me semble malheureusement impossible que jʼentretienne vos lecteurs :
lʼun est une traduction fort curieuse de Keats que vient dʼéditer le Livre5, mais je crains quʼun poète, si esthète quʼil ait été ne ressortisse pas exactement à la Chronique des Arts. Quʼen pensez-vous ? Lʼauteur de cette traduction est la marquise de Clermont-Tonnerre.
Un autre ouvrage est Le Sens de lʼArt de M. Gaultier. Celui-là rentre exactement dans la juridiction de la Chronique. Mais nʼen avez-vous pas déjà parlé6. Ce me serait une bonne excuse de ne pas mʼen occuper.
Enfin madame Crémieux qui a traduit La Nature du Gothique de Ruskin aurait aimé je crois une notice un peu plus détaillée que les quelques lignes parues dans la Chronique7. Cʼest une question trop spéciale de Rédaction du numéro pour que je puisse me rendre compte si vos lecteurs peuvent désirer ou non quʼon revienne avec un peu plus de détails sur cet ouvrage.
Enfin pendant que je vous ennuie, ne vous serait-il pas possible de me faire adresser à condition8 quelques unes de vos gravures anglaises, notamment de celles où un animal est représenté à côté du ou des personnages dont elle donne le portrait9. Je ne sais si elles feraient mon affaire mais peut-être en prendrais-je une ou deux si leur format nʼest pas trop petit10. Le mieux serait quʼon les laissât chez moi sans attendre la réponse, car je prends mon repos aux heures irrégulières où je ne souffre pas, et il y aurait risque si lʼon attendait une réponse immédiate (à moins que ce ne fût après le dîner) que je ne puisse la donner ; on ne vient pas me déranger quand je repose.
Veuillez agréer cher Monsieur tous mes souvenirs très affectueusement reconnaissants.
Marcel Proust
Date de la dernière mise à jour : September 16, 2024 15:26